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Suicide des enfants : un rapport brise le tabou
Par Cécile Guéry-Riquier, avec AFP
rédigé le 29 septembre 2011, mis à jour le 29 septembre 2011
Boris Cyrulnik, célèbre psychiatre à l'origine du concept de résilience, remet aujourd'hui un rapport sur le suicide des enfants. Selon lui, cette situation est moins rare que l'on ne croit. Il défend une meilleure prise en charge globale de la petite enfance et une école moins exigeante.
Il y a sans doute davantage de suicides d'enfants que les statistiques le laissent penser car certains décès sont considérés comme accidentels. C'est ce que révèle le psychiatre Boris Cyrulnik dans un rapport au gouvernement, qui avait été commandé par la secrétaire d'Etat à la Jeunesse, Jeannette Bougrab.
Selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), 37 enfants et pré-adolescents de 5 à 14 ans se sont donnés la mort en 2009 (derniers chiffres disponibles). L'Inserm ne compte aucun suicide chez les enfants de moins de 5 ans.
Début 2011, une ado de 14 ans avait tenté de se tuer, tandis que deux enfants de 9 et 11 ans avaient mis fin à leur jour.
Déchirures invisibles
"Les suicides aboutis sont rares" chez les 5-12 ans, note Boris Cyrulnik dans son rapport, mais ils sont certainement plus fréquents qu'on ne le pense, car les chiffres ne parlent que des suicides évidents.
"Le cumul des événements qui déclenche l'acte suicidaire résulte d'une cascade de déchirures invisibles, d'une convergence d'événements de nature différente", qui peuvent être un deuil précoce, un conflit entre les parents, des maltraitances, l'absence d'un univers sécurisant à la maison, le harcèlement à l'école, explique le médecin. De plus, "la détresse d'un enfant est souvent difficile à percevoir car il vit dans un temps immédiat" et plus que l'adulte, il a du mal à dire son mal-être. L'enfant "insécurisé", "seul, sans partage de la souffrance, sans aide ni possibilité de déchiffrer ce qui lui arrive, le jour où il comprend ce qu'est la mort, il se laisse prendre", écrit encore Boris Cyrulnik.
Découvrir la mort
On considère que les enfants commencent à comprendre ce qu'est la mort "entre 6 et 9 ans", rappelle-t-il. Alors, "une pichenette peut suffire pour passer à l'acte. Une phrase blessante, une petite frustration, une mauvaise note à l'école ou le déménagement d'un copain peuvent provoquer une déflagration exceptionnelle". "Il peut écrire une lettre d'adieu (...) mais le plus souvent, il se penche trop par la fenêtre ou descend d'un autobus en marche. Alors les adultes parlent d'accident", dit encore le psychiatre.
Prévention du suicide
Il appelle donc à une politique de prévention aussi bien "autour de la naissance" notamment en donnant une "cohérence aux métiers de la petite enfance" via une "université de la petite enfance" ou en formant les médecins, infirmières, éducateurs et enseignants à cette problématique. A l'école, il prône une adaptation des rythmes scolaires, une notation plus tardive et une lutte contre le harcèlement.
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